Pranayama (alt. 1000m)

 Billet professionel


22000 par jour en moyenne nous disent certaines études scientifiques. Tout comme les flocons de neige, chaque respiration est unique. On peut saisir de nombreuses nuances qui en disent tant sur le bien-être du corps et de l'esprit. La respiration est un phénomène fascinant. Mécanisme d'ordinaire automatique, on peut également la modifier volontairement. Le Yoga la considère ainsi comme un pont entre le conscient et l'inconscient. 

À force d'entraînement, celle-ci devient une source continuelle d'apaisement et un support de contemplation, le rythme même de la musique de l'existence.
On peut observer ses fluctuations selon les émotions qui nous traversent, notre niveau d'énergie général ou même ce que l'on a mangé. 

Lorsque l'on pratique les techniques de respiration (pranayama), on affecte immédiatement le système cardio-vasculaire ainsi que le système nerveux. 

On vise généralement un ralentissement du rythme cardiaque et un apaisement des nerfs. Cela est propice à la clarté du mental, raison pour laquelle pratiquer successivement les postures, les respirations et la méditation est si efficace. 

Il en existe pour ainsi dire une infinité. On peut jouer avec ses poumons, son diaphragme et l'ensemble du corps afin de permettre aux molécules contenues dans l'air de voyager et de séjourner de manière bien spécifique. 

Parmi les plus notables : 

  • -  l'inspiration-expiration profonde (avec comptage des secondes pour
    évaluer la progression)
  • -  les rétentions de souffle (poumons pleins ou poumons vides)
  • -  les narines alternées : inspire à droite, expire à gauche (en changeant ou
    bien toujours par les mêmes - selon les effets désirés)
  • -  les expirations actives par l'abdomen suivies d'inspirations passives (très
    prisées par les apnéistes)
  • -  les hyperventilations (exploration de l'équilibre acido-basique)
    Le premier niveau consiste à appliquer correctement les instructions. Le 2eme est atteint lorsqu'une certaine aisance et habitude sont crées. Le 3eme c'est quand l'esprit est en mesure de faire autre chose en même temps, et là de nombreuses portes s'ouvrent, on peut par exemple :
  • -  utiliser son imagination pour visualiser le trajet de l'oxygène
  • -  combiner les respirations avec des contractions du périnée (excellent
    pour la santé de la prostate et la tonicité du plancher pelvien)
  • -  placer son attention dans diverses parties du corps afin de soutenir
    l'auto-régénération du corps (hypothèse à vérifier soi-même...)
    Le travail respiratoire est une belle illustration du principe somato-psychique (l'inverse de psycho-somatique), on utilise le corps pour faire du bien à l'esprit. De nombreuses molécules liées au bien-être sont libérées grâce à la pratique : dopamine, ocytocine, sérotonine...
    J'ai participé en tant que sujet test à des recherches scientifiques sur le pranayama au cours d'une retraite intensive de 3 mois à l'institut Kaivalyadhama, en Inde. Les résultats sur l'ensemble du groupe (plus de 40 personnes) étaient évidents. C'est en toute confiance que je peux affirmer qu'une pratique quotidienne, même très brève peut améliorer la qualité de vie du tout au tout.
    Le corrélaire proposé par le monde animal est assez édifiant : en effet, bon nombre de ceux qui respirent le plus lentement et profondément sont ceux

qui vivent le plus longtemps (tortue, baleine, crocodile, éléphant), tandis que les animaux qui ont une respiration plus courte et rapide ont une durée de vie plus réduite... Serait-ce aussi simple que cela ?
Force est de constater que le stress (qui lorsqu'il est en excès est la "cause" de beaucoup de problèmes de santé chez l'humain) est systématiquement accompagné d'une modification de la respiration (souvent plus rapide, superficielle et limitée au thorax) tandis que la détente est synonyme d'une respiration ample, lente et à laquelle l'abdomen participe. 

En outre, les respirations thoraciques sont liées au système nerveux sympathique ("fight or flight", survie, afflux sanguin aux muscles) tandis que les respirations abdominales sont liées au système para-sympathique ("rest and digest", régénération, afflux sanguin aux organes). 

Ainsi, l'un des buts les plus importants du pranayama est d'équilibrer le pourcentage de respirations de chaque type, et de respirer de la manière appropriée selon le contexte dans lequel on se trouve. Cela conduit à un bien-être et à une joie de vivre de plus en plus stables et donc à la longévité. 

Au final, la respiration étant un phénomène on ne peut plus naturel, recouvrer son caractère naturel, justement, revient donc à retrouver son naturel à soi également. C'est tout l'enjeu du Yoga, redevenir pleinement soi- même, étape par étape, dans la plénitude de son authenticité. Comme le suggère le principe provenant de la grèce antique pneuma, en reprenant son souffle on pourrait bien reprendre ses esprits. 

Sinclair Smith-Devemy 

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